Petit à petit, la parité au sein des conseils d’administration fait son chemin
En adoptant définitivement le projet de loi sur l’égalité hommes-femmes, le Parlement vise à favoriser la présence des femmes aux plus hauts postes des entreprises françaises, notamment dans les conseils d’administration et de surveillance.
La nouvelle loi sur l’égalité entre les sexes votée mercredi 23 juillet vient confirmer la loi Copé-Zimmermann : elle maintient l’obligation de féminisation des conseils d’administration à hauteur de 40 % au 1er janvier 2017 dans les entreprises de plus de 500 salariés (qu’elles soient cotées ou non) et l’étend jusqu’en 2020 pour les ETI non cotées de moins de 500 salariés.
Depuis la loi sur la parité en politique de 2000, les entreprises françaises n’ont eu de cesse d’être appelées par les pouvoirs publics à respecter progressivement une meilleure représentativité hommes-femmes dans leurs instances dirigeantes. La loi Copé-Zimmermann de 2011 rendait concrète cette obligation en imposant un seuil minimum de 20 % de femmes, d’ici 2014, et 40 %, d’ici 2017, dans les conseils d’administration des entreprises employant au moins 500 salariés et présentant un chiffre d’affaires net supérieur à 50 millions d’euros. Cette idée avait ensuit été reprise par la loi Sauvadet de 2012 qui contraint à ce même quota les établissements publics, d’ici 2018.
Si en 2011 le pari n’était pas encore gagné – la proportion de femmes dans les conseils d’administration était respectivement de 12,9 % et de 16,5 % au sein des entreprises du SBF 120 et du CAC 40 -, il l’était largement dès 2013 avec respectivement 24,7 % et 26,6 % de femmes administrateurs .
L’échéance de 2017 pose de nouveaux défis
L’heure est maintenant au combat contre les idées reçues. S’il s’est jusqu’ici avéré assez facile pour les conseils d’administration de trouver des femmes prêtes à siéger en leur sein, certains s’alarment déjà des difficultés à identifier 2.000 femmes capables d’assumer un mandat d’ici 2017. En cause, selon un document de la Fédération des Femmes Administrateurs (FFA), « les interrogations des dirigeants d’entreprises quant à l’existence d’un vivier de femmes ayant les compétences et l’expérience nécessaires pour exercer les fonctions d’administrateur ».
En réponse, la FFA met sur pied un réseau de femmes aux profils diversifiés et issues des métiers de la finance, du droit, du secteur public ou de tout autre horizon. Il leur est désormais possible de directement candidater à des mandats d’administrateurs sur le site du ministère des Droits des Femmes. En parallèle, des formations non obligatoires sont aussi proposées aux femmes en partenariat avec IFA-Sciences Po et Women ESSEC. Un coup d’avance alors que la fonction d’administrateur est amenée à se professionnaliser. « C’est déjà le cas en Chine où la formation pour devenir administrateur est obligatoire », souligne Agnès Bricard, la présidente de la FFA, avec l’espoir que ce mode de désignation plus juste et équitable ouvre ainsi la voie aux femmes.
Quel sort pour les comités de direction ?
Si le législateur s’est emparé du sujet de la parité au sein des conseils d’administration, il en va tout autrement pour les comités de direction . D’après une récente étude intitulée « Être femme et DAF dans un Comex du SBF 120 en 2014 », les femmes y sont largement minoritaires : en moyenne, elles représentent respectivement 15,5 % et 13 % des membres dans les entreprises du SBF 120 et du CAC 40. Dans les ETI aussi, la féminisation des conseils est encore loin. « Les femmes ne sont représentées qu’à hauteur de moins de 10 % dans les conseils d’administration des entreprises de taille intermédiaire (ETI) de plus de 500 salariés », souligne Agnès Bricard.
Face à ce constat, elle se veut rassurante : « L’objectif pour les conseils d’administration devrait être atteint en 2017, et cela se jouera vraisemblablement à la marge pour les ETI. L’idée est vraiment de progresser pas à pas. Mieux vaut commencer par les grandes entreprises et les conseils d’administration, pour finir par celles de plus petite taille et les comités de direction. »
Source : business les echos
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